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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 21:09

Amusons-nous un instant à décortiquer le discours que Martine Aubry a prononcé au soir des élections du 14 mars 2010 (dont le texte est transcrit ici).

Le fond de son discours est plutôt convenu : la gauche se voit affublée d'autant de qualificatifs qu'elle comprend de sensibilités, et voter pour elle améliorerait le sort des Français. Au passage, Martine Aubry pose qu'il revient au parti socialiste de conduire cette gauche rassemblée pour ne plus dire plurielle - l'occasion de rappeler cette tautologie était sans doute trop belle.

Mais au delà de cette profession de foi somme toute classique, quelle image Martine Aubry pose-t-elle du citoyen français ? Il vit angoissé dans un pays divisé et affaibli : la peur de l'étranger n'est pas loin, puisque la notion d'affaiblissement est relative. Affaibli par rapport à qui ? à quoi ? Les personnes âgées s'inquiètent et souffrent : la globalisation est un peu excessive, toutes les personnes âgées ne sont pas concernées... Les jeunes, les salariés, les agriculteurs, les chômeurs et les retraités ont tous des problèmes, des lassitudes et des angoisses : qui reste-t-il, en dehors d'eux ? Personne !
Après avoir dressé un tableau aussi noir, que propose-t-elle ? Une protection, un bouclier, vers une France plus douce (protection contre la compétition internationale : encore la peur de l'étranger, vécu comme une menace). Croit-elle que toutes les réponses sont dans le repli sur soi ? Les événements de ces derniers mois montrent assez que l'action collective, européenne ou mondiale, est parfois plus efficace.

Et indépendamment de cela, notons que bien peu des promesses esquissées par Martine Aubry sont du ressort d'un président de région, dont le mandat et les moyens sont très limités. Preuve en est que ce qu'elle dénonce existe aussi dans les vingt régions actuellement tenues par la gauche, laquelle n'a pas eu les moyens de s'y opposer bien que Martine Aubry vante le bilan de l'action des présidents de région socialistes. Le mélange des genres est complet, l'élection régionale est investie d'enjeux qu'elle n'arbitre pas, et ainsi l'électeur qu'on prétend protéger est ouvertement pris pour un bénêt.

Le discours infantilisant et l'argument sécuritaire ne sont plus l'apanage d'une certaine droite. Ça promet pour 2012 !


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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 20:55

Transcription du texte de la conférence de presse
de Martine Aubry
au soir du premier tour des élections régionales du 14 mars 2010


 

martineaubry


Les Français par leur vote ont, je crois, envoyé un message clair et fort, ils ont aujourd'hui exprimé leur refus d'une France divisée, angoissée et affaiblie, et ils ont surtout voulu exprimer leur souhait d'une France à la fois plus juste et plus forte.

Les Français ont largement voté pour la gauche et ils ont placé le parti socialiste très nettement en tête de celle-ci. Il atteint un de ses plus hauts niveaux historiques, je voulais le dire mais aussi me réjouir des bons résultats de tous les partenaires de la gauche. Je veux bien sûr remercier les millions d'électrices et d'électeurs qui nous ont fait confiance en votant pour les listes socialistes. Ceci est la reconnaissance, il faut le dire, du bilan de l'action des présidents de région socialistes et des listes et des majorités avec qui ils ont travaillé. Mais c'est aussi l'adhésion au projet qu'ils ont présenté pour protéger les Français et pour préparer leur avenir.

Je crois aussi que ce résultat est un encouragement pour nous. Lorsque les socialistes sont unis, et tournés vers les Français, eh bien, ils retrouvent leur confiance. 

Ce résultat du premier tour, je le dis vraiment comme je le sens, comme nous le sentons, je le dis aux Françaises et aux Français, c'est d'abord pour nous des devoirs. Celui de rassembler la gauche : nous sommes aujourd'hui le premier parti de gauche, nous devons avoir la responsabilité de nous ouvrir à nos partenaires et effectivement de rassembler la gauche. Dès ce soir nous allons y travailler pour confirmer ce succès dimanche prochain au second tour dans la clarté des engagements et, je le dis très clairement, dans le respect de chacun, mais aussi, bien sûr, dans le respect que les Français, des votes que les Français auront exprimés au premier tour. Nous avons fait avec nos partenaires de belles et grandes choses ensemble. Nous avons à poursuivre et même à accélérer un projet plein d'espoir pour les Français.

Mais je voulais dire aussi que ce vote nous donne le devoir le plus important, celui de mettre toute notre énergie, notre détermination, à continuer à nous battre pour l'économie, pour garder les emplois d'aujourd'hui et pour préparer ceux de demain, pour donner une chance à tous les jeunes, c'est là qu'il y a un énorme problème dans notre pays, pour accompagner les personnes âgées, qui s'inquiètent tant aujourd'hui et qui souffrent, et pour améliorer les conditions de vie des Français dans le logement, dans la santé, dans les transports, là où parfois souvent, aujourd'hui, l'état recule. Et puis bien sûr pour protéger l'environnement et préparer un avenir durable pour nos enfants.

Pendant cette campagne, je crois comme chacun, j'ai rencontré beaucoup de Français inquiets et je dirais même désemparés. J'ai entendu ce qu'ils nous ont dit. Je pense par exemple aux infirmières surchargées de travail, à qui on dit "il faudrait rentabiliser l'hôpital". Je pense aux salariés et aux retraités, à qui on avait tant promis, et qui aujourd'hui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Mais je pense aussi aux ouvriers, aux employés menacés de licenciement, aux chômeurs, qui sont laissés aujourd'hui sans protection, et notamment les fins de droits, et qui n'ont pas de perspective. Je pense à ces agriculteurs qui nous ont dit : "on abandonne l'agriculture". Je pense aux PME auxquelles on refuse un soutien financier indispensable pour pouvoir surmonter cette crise et en même temps financer leurs projets. Un grand nombre de ces femmes et de ces hommes nous ont apporté leurs suffrages.

Un nombre aussi sans doute important s'est abstenu, et je voudrais m'adresser à eux ce soir en leur disant que je connais et je comprends à la fois leur lassitude et leurs inquiétudes. Je veux leur dire qu'ils peuvent donner de la force à un vote d'espoir et à un vote de protection dimanche prochain en votant pour les listes de gauche.

A ceux-là et à tous ceux qui ont apporté leur suffrage à la gauche, je dis ce soir que rien n'est encore joué, rien n'est encore joué, mais que tout est possible et qu'il nous faut non seulement confirmer mais amplifier le message donné par les Français aujourd'hui. En effet, le vote de dimanche prochain est décisif : décisif bien sûr pour que nos régions de gauche soient à la fois des boucliers face à la crise et à la régression sociale, mais soit aussi capable de tenir la main de chacun de nos enfants jusqu'à demain, mais aussi pouvoir développer l'ensemble de nos territoires. Mais ce vote il est aussi décisif, et quand j'entends les responsables de l'UMP ce soir, je le dis encore avec plus de fermeté : ils ne veulent pas comprendre que les Français ont dit "nous ne voulons plus de cette politique injuste et inefficace, nous ne voulons plus de cette politique qui casse ce que la France aime de plus en elle, son modèle social, l'égalité, la fraternité, nous voulons retrouver une société douce, juste, du vivre ensemble, et nous voulons une république et une démocratie ouverte à tous." Voilà aussi ce qu'ils nous ont dit ce soir.

Alors j'appelle toutes les électrices et tous les électeurs, toutes les Françaises et tous les Français, qui ont envie de retrouver cette France dont ils sont fiers mais qui n'en peuvent plus aussi, pour certains, des difficultés d'aujourd'hui, de la peur pour leurs enfants demain, j'en appelle à eux pour leur dire : il faut amplifier le mouvement d'aujourd'hui, amplifier pour faire gagner la gauche rassemblée, la gauche sociale, la gauche républicaine, la gauche écologique, voilà, pour une France plus juste, pour faire gagner l'espoir, nous vous attendons dimanche prochain.

 


 

 

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