L’Intelligence Service britannique a utilisé la corruption de hauts dignitaires pour éviter que l’Espagne ne s’engage dans la 2e Guerre Mondiale aux côtés de Hitler : des archives anglaises déclassifiées le jeudi 23 mai 2013 établissent que le Service a dépensé l’équivalent de 179 millions d’Euros pour acheter plusieurs hauts responsables du régime franquiste.
Ces archives montrent que onze millions d’Euros ont été versés à des dignitaires du franquisme, à des armateurs de navires et à des agents secrets après que l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Madrid, Samuel Hoare, a averti Winston Churchill du risque de voir l’Espagne s’engager dans la guerre aux côtés de l’Axe après le succès de la Blitzkrieg en 1940.
Lequel Hoare avait télégraphié au Foreign Office « It may well be that Spain's entry in the war will depend on our quick action » (il se pourrait bien que l’entrée en guerre de l’Espagne ne dépende que d’un geste rapide de notre part) pour expliquer pourquoi il réclamait l’envoi d’un premier million de dollars de l’époque. « Je me permets d’insister personnellement sur l’urgence qu’il y a à débloquer ces fonds, et si vous avez des doutes, à consulter le premier ministre », avait-il ajouté.
Et le premier ministre Winston Churchill n’avait pas perdu de temps pour donner son accord.
Et c’est ainsi que des sommes conséquentes ont été versées, pendant une bonne partie de la guerre, sur le compte new-yorkais d’une banque suisse à la discrétion de l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Espagne…
Les archives qui viennent d’être déclassifiées prouvent que Jose Jorro Andreo et Rasado Silva Torres ont fait partie des bénéficiaires, mais l’ambassadeur ne précise pas leur rôle : « Je n’ai pas le temps d’expliquer les détails », écrit-il après avoir cité leurs noms.
Dans un autre document, l’ambassadeur explique que l’argent a également servi à acheter le silence de quelques comploteurs qui s’employaient à persuader le général Francisco Franco, ami personnel d’Adolf Hitler, de précipiter l’Espagne dans la guerre aux côtés de l’Allemagne.
Des agents britanniques auraient également établi des contacts avec un dirigeant du mouvement républicain et avec plusieurs membres de l’Alliance Démocratique qui constituait alors l’opposition politique au général Franco.
Et des membres du gouvernement britannique ont convaincu les USA de débloquer des fonds, que des agents espagnols ont récupérés dans des établissements bancaires de New-York.
Mais tous ces pots-de-vin ont-ils été déterminants ? L’Histoire a retenu que le général Franco n’avait pas souhaité s’engager dans la guerre parce que son pays sortait de trois années d’une atroce guerre civile qui avait fait un demi-million de morts et qui avait ravagé l’économie du pays.