Il est de retour.
Croira qui veut à sa vocation à créer un nouveau grand parti politique du XXIe siècle apte à transcender les clivages.
Croira qui veut à sa capacité à rassembler au centre et à gauche, où à l’appétence des membres de l’UMP pour une dilution de leur parti dans une alliance avec un PS que François Hollande est en train de discréditer durablement.
Croira surtout qui veut à des intentions politiques qu’il n’a pas encore affichées, comme si sa personne suffisait à rallier les suffrages.
Croira qui veut qu’il ne s’agit que d’échapper à la demi-douzaine d’affaires judiciaires qui lui collent aux basques.
Dimanche soir, il doit s’exprimer à la télé. Jeudi prochain, il prendra la parole dans un meeting près de Lille, sur les terres de Martine Aubry.
Son clan d’adorateurs le compare déjà au général de Gaulle, et son message sur Facebook au retour d’exil du Grand Charles quittant Colombey-les-Deux-Églises en 1958 - excusez du peu. Certains nostalgiques vont jusqu’à évoquer le retour de Napoléon de l’Île d’Elbe en 1815, oubliant comment ce débarquement avait fini cent jours plus tard.
Quitte à faire dans la comparaison, autant évoquer le Comte de Monte-Cristo, mû par une froide détermination à se venger de ceux qui l’avaient trahi et humilié.
En privé, il ne rate pas une occasion de décocher une pointe à son successeur à l’Élysée. Il veut le voir quitter le palais présidentiel badigeonné de goudron et de plumes.
On peut d’ailleurs s’étonner qu’il s’abaisse à briguer la présidence de l’UMP, un poste qu’il jugeait indigne de lui il y a un an à peine quand il s’agissait de mettre d’accord Jean-François Copé et François Fillon.
Comme on peut s’étonner qu’il ignore que plus de 60% des Français ne souhaitent pas le voir revenir.
En fait, la tactique est assez claire : il pense être sûr d’emporter les élections pour la présidence de l’UMP face à Alain Juppé, à défaut de pouvoir gagner la préférence de la majorité de l’électorat français lors d’une primaire ouverte. Une primaire qu’il abrogera en 2016 après avoir éliminé Juppé. Puis, après avoir affadi le parti dont il aura pris la tête, il se posera en rempart de la démocratie contre l’arrivée annoncée de Marine Le Pen.
Reste à savoir ce que feront les Français s’ils n’ont le choix en 2017 qu’entre Nicolas Sarkozy, François Hollande et Marine Le Pen. Il n’est pas sûr, ni peut-être souhaitable, qu’ils se laissent enfermer dans cette nasse politicienne.