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15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 12:00

Golyanovo.jpg
 

Ces deux dernières semaines, la police de Moscou a effectué une série de descentes sur les marchés de la capitale russe, ciblant les immigrés dans le but affiché de « décriminaliser » Moscou. Cette répression a fait suite au passage à tabac, le 27 juillet 2013, d’un policier qui tentait d’arrêter un suspect sur le marché Matveevski.
 
Sur les trois journées des 29, 30 et 31 juillet, quelque 1 200 étrangers en situation irrégulière (en majorité des ressortissants vietnamiens) ont été arrêtés. L’opération a été menée dans le complexe d’entrepôts du passage Irtychski, où ces clandestins habitaient avec femmes et enfants, dans les conditions sanitaires que l’on imagine, et où ils travaillaient à la confection textile. Un autre groupe de clandestins égyptiens, marocains, syriens, kirghizes, azéris et ouzbeks a été trouvé par la police dans une boutique de la rue Sovietskaïa. Lors de la perquisition, la police a saisi des armes à feu.
 
Le 5 août, à la fin des raids, ce sont plus de 1 500 personnes qui avaient été arrêtées.
 
En Russie, et surtout en période de « décriminalisation », le sort qui attend ces migrants est clair : l’expulsion.
 
Selon la loi russe, les clandestins doivent être mis en centres de rétention avant d’être expulsés, mais les centres de Moscou ont vite été saturés devant cet afflux subit de centaines de personnes à loger. Les autorités moscovites ont donc décidé de construire un camp provisoire à proximité de la capitale.
 
Quelque 614 hommes, femmes et enfants se sont ainsi retrouvés parqués dans un camp de tentes à Golyanovo, à l’ouest de Moscou, où trente tentes à trente places de l’armée ont été dressées sur une friche industrielle. Il s’agit pour la plupart des Vietnamiens des ateliers textiles du passage Irtychski, mais on trouve aussi des Ouzbeks, des Tadjiks, des Syriens, des Azéris, des Marocains et des Afghans, en plus des 560 Vietnamiens.
 
Plusieurs associations russes ont dénoncé l’insalubrité de ce camp, sans toilette ni système de production d’eau chaude et dont les tentes percent quand il pleut. Il n’y a pas non plus d’électricité, ce qui empêche (entre autres) les gens de recharger leurs téléphones mobiles et d’échanger des nouvelles avec l’extérieur. Des collectes de vêtements et de produits de toilette ont été organisées, leurs produits distribués dans le camp à l’occasion d’une des visites régulières des associations humanitaires. Deux pétitions demandant l’ouverture d’une enquête dans ce camp ont été lancées et déposées auprès de la commission d’enquête et des procureurs de la justice – sans grand effet.
 
Devant cette levée de bouclier, les autorités russes ont organisé le lundi 12 août une visite du camp au profit de la presse. Par un pur hasard du calendrier sans doute, cette visite a coïncidé avec la distribution par l’association « Officiers de Russie » de ventilateurs (alors qu’il n’y a pas d’électricité…), de nourriture et de produits d’hygiène aux clandestins. La distribution a pu être filmée et photographiée à l’envi par les journalistes, à qui les autorités ont fait remarquer que les occupants du camp « étaient mieux traités dans le camp que là où ils étaient avant. » Ce n’est qu’après que les journalistes ont pu visiter le camp, accompagnés par la police et les fonctionnaires du Ministère des Situations d’Urgence, où ils ont pu se rendre compte que la dureté des conditions de vie n’était pas exagérée.
 
La semaine précédente, le mardi 6 août, le Ministère russe de l’Intérieur a inculpé six chefs d’ateliers pour avoir fait travailler leurs ouvriers clandestins comme des esclaves. Selon les enquêteurs du ministère, ils avaient fait entrer en Russie en toute illégalité 700 ouvriers et ouvrières du Vietnam et d’autres pays, leur avaient confisqué tous leurs papiers et les avaient contraints à travailler dans leurs ateliers textiles.
 
La campagne de « décriminalisation » a également conduit au licenciement du chef adjoint de la police du quartier Otchakovo-Matveevskoe et de quatre agents de police, qui avaient regardé sans réagir leur collègue se faire tabasser sur le marché Matveevski. Motif de leur licenciement : faute grave et « inaction lors de l’arrestation d’un coupable présumé de crime grave ».
 
Vladimir Poutine n’a pas hésité, lors d’une réunion spéciale sur la criminalité sur les marchés, à les comparer à Judas : « Ils se tenaient à côté de leur collègue lieutenant et l’ont regardé se faire tabasser. Pourquoi sont-ils si lâches ? On a sans doute acheté leur passivité en échange de trente pièces d’argent… »
 


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