/fdata%2F3695949%2Favatar-blog-1145793563-tmpphp47f7dE.jpg){kind=avatar}
La présentation du Livre Blanc 2010 de la défense chinoise a été l'occasion d'un bel exercice de langue de bois pour essayer de masquer les intentions réelles de la course aux armements de Pékin.
Le 31 mars 2011, le gouvernement chinois a présenté son 7e Livre Blanc sur la défense à 115 attachés militaires étrangers.
Officiellement, ce Livre Blanc vise à « améliorer la transparence militaire » et à « renforcer la confiance du monde vis-à-vis des engagements chinois dans le développement pacifique. »
Qian Lihua, directeur du bureau des Affaires Étrangères du ministère chinois de la défense, a ainsi expliqué le contenu de ce document intitulé « Défense nationale de la Chine 2010 » avant de répondre aux questions de l’assistance. Il a bien insisté sur le fait que le Livre Blanc prouve que la Chine est éminemment pacifique et que sa politique de défense est purement défensive.
Voire…
Le Livre Blanc souligne que la Chine a toujours l’intention de continuer à renforcer sa marine.
Or, depuis l’incident des Senkaku en septembre dernier, provoqué par l’abordage volontaire de deux patrouilleurs japonais par un chalutier chinois entré illégalement dans les eaux japonaises, la marine chinoise a considérablement accru sa présence en Mer de Chine Orientale et Pékin n’a eu de cesse de clamer sa souveraineté sur les Senkaku, laissant craindre de nouveaux accrochages entre les deux pays. Déclarer une île japonaise comme territoire chinois puis tout mettre en œuvre pour la défendre peut passer, aux yeux de Tōkyō tout au moins, pour une conception singulière d’une posture « purement défensive »…
Le Livre Blanc ne fait bizarrement aucune mention de la construction par la Chine d’un porte-avions, alors que le monde entier sait qu’elle est en train d’en achever un et qu’elle en a au moins deux autres, et peut-être quatre, en projet. Malgré ce, un responsable du Ministre de la Défense a précisé que le Livre Blanc ne serait complété d’aucun autre document. C’est sûrement ce que Pékin appelle « améliorer la transparence militaire »…
Le Livre Blanc avoue tout de même que la Chine, en accord avec les exigences d’une « stratégie défensive en haute mer », se réserve la possibilité de « renforcer ses moyens de dissuasion stratégique et de contre-attaque, et de développer sa capacité à conduire des opérations en eaux lointaines et à contrer des menaces non conventionnelles. » Fort de quoi de nouveaux sous-marins, de nouvelles frégates, des avions et de grands navires de soutien ont été mis en service comme prévu. C’est assurément une particularité du Livre Blanc à la chinoise de ne parler que des réalisations passées et surtout pas des programmes en cours ou à venir : cela aurait amené à parler des porte-avions, dont le développement inquiète tous les pays de la région.
La politique intérieure est également abordée. Selon le Livre Blanc, les mouvements indépendantistes de la province rétive du Xinjiang et de la région autonome du Tibet ont « infligé de sérieux dommages à la sécurité nationale et à la stabilité sociale », ce qui justifie que la répression des « forces indépendantistes » reste une des missions prioritaires de l’Armée de Libération Populaire. Les Tibétains et les Ouigours seront ravis d’apprendre qu’ils ont manqué de déstabiliser la Chine et qu’ils vont encore goûter de la répression communiste pour leur plus grand épanouissement.
Renouant enfin avec la réalité, le Livre Blanc constate que la région Asie - Pacifique devient « de plus en plus complexe et instable » et que « des frictions régionales perdurent sans qu’une solution soit en vue. » Une façon, sans doute, de préparer l'opinion mondiale à d'autres solutions quand le dialogue diplomatique et la négociation pacifique auront échoué à faire valoir les prétentions de Pékin.
Liens :
