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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 07:09

Reg_Twigg.jpg
 

Reg Twigg, dernier survivant britannique du pont de la rivière Kwai, s’en est allé au début du mois de mai 2013 à l’âge de 99 ans.
 
Simple soldat du Régiment Leicester dans l’Armée Britannique, il était en garnison à Singapour lors de l’offensive japonaise de décembre 1941. Lors de la capitulation du bastion britannique, il s’est retrouvé parmi les 60 000 prisonniers de guerre alliés et les 250 000 ouvriers asiatiques envoyés par l’armée japonaise sur le chantier de la ligne de chemin de fer entre la Thaïlande et la Birmanie, dont l’épisode le plus connu est la construction du pont sur la rivière Kwai.
 
Il est mort peu avant que paraissent ses mémoires, « Survivor on the River Kwai » (survivre sur la rivière Kwai) dans lesquelles il décrit l’horreur de la vie qu’il a endurée, trois années durant, sur le chantier dans la jungle.
 
Trois années qu’il décrit comme l’enfer sur terre et au cours desquelles 16 000 prisonniers de guerre alliés et 90 000 ouvriers asiatiques ont péri.
 
Dans son livre (dont le quotidien britannique The Daily Mail a publié quelques extraits), Reg Twigg explique comment il a appris à tirer profit de la jungle pour survivre et il témoigne de la brutalité extrême des soldats de l’Armée Impériale Japonaise, moins nombreux que les prisonniers qu’ils surveillaient.
 
Après avoir été emprisonné le 1er février 1942 lors de la capitulation de Singapour, il a passé sept mois dans la prison de Changi de la ville, avant de se voir « embarqué, avec juste assez de place pour se tenir debout, dans des camions à bestiaux surchauffés et puants (…) pendant trois jours et trois nuits » puis à marcher sous la menace des armes et à remonter des rivières sur des barques en bambou jusqu’aux camps de prisonniers construits sur les berges de ces rivières.
 
Il raconte les incidents au cours desquels ses camarades prisonniers de guerre ont été battus à mort pour avoir tenu tête à des soldats japonais. « Les gardes nous surveillaient tout le temps. Si nous n’allions pas assez vite, ils nous giflaient au visage trois, quatre, cinq fois. Au moindre signe de résistance, les gifles devenaient des coups, puis les bottes entraient en action. On se recroquevillait contre le sol. On recevait des coups de crosse de fusil sur la tête. Les plus chanceux mourraient. Les malchanceux retournaient au travail. »
 
« Dès la fin de la première semaine, j’avais pris ma décision : il était impossible de m’échapper, mais je devais survivre. Les Darwinistes appellent ça la survie des espèces les mieux adaptées, mais moi j’appelle ça la survie des salopards les plus égocentriques qu’on puisse imaginer. »
 
Reg Twigg raconte comment il a commencé à s’intéresser à la jungle environnante, qu’il qualifie d’ « amie fascinante », pour survivre sur le chantier du chemin de fer de la mort.
 
« C’était comme si le sol était vivant. Des grenouilles de la taille d’un cochon d’Inde entonnaient leur chant interminable sur les berges de la rivière dès que la nuit tombait. Les mille-pattes faisaient quinze centimètres de long. Je n’ai jamais compté les espèces de serpents ; certains étaient venimeux, en particulier ceux avec des couleurs vives. On apprenait à les repérer et à rester à bonne distance d’eux. »
 
« Les eaux brunes et boueuses de la rivière nous attiraient comme un aimant. On s’y trempait après les épuisantes journées de travail. On les buvait, d’abord après les avoir faites bouillir puis en s’en fichant complètement. On s’y baignait, on pissait dedans, on s’y prélassait et on s’en servait pour faire cuire notre riz. On vivait le long de cette rivière, on bâtissait des ponts pour la franchir, et on enterrait nos morts le long de ses berges. »
 
Après la guerre, Reg Twiggs est rentré en Grande-Bretagne où il a travaillé comme magasinier dans un entrepôt jusqu’à sa retraite.
 
Son livre de souvenirs, « Survivor on the River Kwai », édité par les éditions Viking, devrait sortir dans quelques semaines en Angleterre. A titre posthume.

 


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