Le Japon a la réputation d'être le pays des vieux avec près d'un quart de ses habitants âgé de plus de 65 ans. L'année dernière plus de 40 399 centenaires étaient répertoriés dans l'archipel. Toutes les études félicitent les Japonais pour leur longue espérance de vie. Les dernières statistiques en date placent les Japonaises au premier rang avec 86,5 ans d'espérance de vie et les Japonais au cinquième. Mais peut-on faire confiance aux chiffres ?
Fin juillet, des policiers tombaient sur le corps momifié d'un Japonais mort depuis des décennies, en souhaitant rencontrer Sogen Kato, sensé être l'homme le plus âgé du pays à 111 ans. Officiellement encore en vie, il continuait de percevoir diverses pensions de retraite sur son compte en banque. Entre octobre 2004 (sa femme, âgée de 101 ans, étant décédée en août de cette année 2004) et juin 2010, un total de 9,45 millions de yens (83 000 euros) de pensions diverses ont été versés au nom de Sogen Kato.Quelqu'un en profitait : selon le quotidien Mainichi Shinbun, 6 millions de yens (53 000 euros) y ont été retirés depuis août 2004. Les policiers suspectent sa famille de ne pas avoir déclaré sa mort afin de continuer à toucher une pension. Comme excuse, ils expliquent aux médias que leur grand-père souhaitait « vivre comme Bouddha ».
Selon le quotidien Yomiuri Shinbun, plusieurs cas similaires ont été découverts à travers le pays. Dépendants de leurs parents, les enfants ne déclarent pas leur mort afin de continuer à percevoir des pensions. Le corps de Sogen Kato a justement été découvert lors d'une enquête : la police avait été contactée par les services sociaux parce que la famille Sogen refusait régulièrement les visites.
35 centenaires manquent à l'appel
Dans d'autres cas, les enfants perdent contact avec leurs parents, mais continuent à payer leurs soins et assurances. Alors que les policiers recherchaient Fusa Furuya, sensée être la femme la plus âgée de Tokyo à 113 ans, ils ont retrouvé sa fille aujourd'hui âgé de 79 ans. « Je continue à payer les primes de l'assurance médicale de ma mère, en pensant qu'elle pourrait en avoir besoin si elle est toujours en vie, racontait-elle à l'agence Kyodo. Mais je ne sais pas si elle est morte ou vivante ».
Selon une enquête de l'agence de presse, si les préfectures affirment contrôler régulièrement si leurs habitants les plus âgés sont encore en vie, seules vingt-trois procèdent à des rencontres en face à face. Les vingt-quatre autres se contentent d'un coup de fil passé aux membres de la famille.
Avec la polémique créée par la découverte du corps de Sogen Kato, le ministère de la Santé, du Travail et du Social a décidé de procéder à une recherche de tous les Japonais âgés de plus de 110 ans.
Les municipalités d'une douzaine de préfectures ont déjà rendu leurs copies. Trente-cinq centenaires manquent à l'appel. Impossible de savoir s'ils sont encore en vie. Le comptage final des quarante-sept préfectures devrait être rendu à la fin du mois d'août 2010 par le ministère.
Il ne faut toutefois pas généraliser le procès d'intention en nippophobie : aujourd'hui, il ne manquerait que 35 centenaires sur 40 399.