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  • : Commentaires au hasard des actualités, par un père et ses jeunes fils qui vont chercher l'info au lieu d'absorber passivement celle qu'on leur sert.
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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 08:49

gouvernement.jpg

 

Après la déclaration de Manuel Valls aux patrons, voici que l'exécutif s'apprête à faire passer une loi qui fait grincer des dents à gauche. Ce projet de loi sur la croissance devrait prendre la forme d'une « loi d'habilitation à procéder par ordonnances », indiquait le journal Les Echos dans son édition du vendredi 29 août.
 
Le texte comportera «à la fois des dispositions d'applications directes à la loi, comme à l'ordinaire, et à la fois des habilitations à agir par ordonnances, par exemple sur le repos dominical», précisait l’article. Ce recours aux ordonnances a été confirmé le soir même par le cabinet du Premier ministre et a commencé à faire grincer des dents dans les coulisses, sur les estrades et sur les podiums de l’université d’été du Parti Socialiste à La Rochelle, et du côté des partis plus ou moins alliés au dit Parti Socialiste.
 
À gauche, le recours aux ordonnances ou au vote bloqué est – ou plutôt était – l’apanage de la droite et la marque d’une conception antidémocratique du pouvoir.
 
Mais ne nous y leurrons pas : les jocrisses qui critiquent ce recours programmé aux ordonnances sont ceux qui espéraient tenir le gouvernement Valls en otage. Le Parti Socialiste a compté ses rangs : il n’a que 200 députés fidèles à l’Assemblée Nationale, pas assez pour obtenir la majorité des 577 voix lors des votes. Le ralliement de la cinquantaine de « frondeurs » du parti, des écologistes, des radicaux et des franges de la gauche ne se fera que par chantage au gouvernement – ou, si l’on préfère, par troc.
 
Il n’est donc pas étonnant qu’un gouvernement pris par l’urgence cherche à s’affranchir de ce chantage. Comme il n’est pas étonnant que ceux qui comptaient le pratiquer s’en offusquer, invoquant devant micros et caméras des entorses à la règle démocratique.
 
Ces cris d’orfraie les évitent de demander pourquoi les 200 députés « fidèles » avaient unanimement voté la loi Duflot que le gouvernement vient de sabrer. En d’autres termes, la dénonciation de l’autoritarisme de Manuel Valls est un moyen commode de ne pas reconnaître que le PS pratique la pensée unique, très loin du modèle du débat ouvert dont il se targue. Ou, si l’on préfère, que les débats qu’il mène débouchent sur des décisions inappropriées.
 
Il n’est pas sûr que les électeurs soient dupes de cette guerre de chapelles ou de féodalités.
 


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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 06:28

Hollande_purge.jpg

 

La purge à laquelle nous venons d’assister à la tête de l’appareil d’État est-elle le dernier coup de dés du gouvernement le plus impopulaire de la Ve République ?
 
Le nouveau gouvernement n’a pas de majorité à l’Assemblée, à moins que le PS forme une coalition avec d’autres partis. On ne peut pas dire que ce gouvernement ait su s’attirer et s’attacher le soutien du peuple. et pourtant, il va devoir s’atteler à d’importantes réformes auxquelles notre pays a longtemps résisté, ou devant lesquelles il s'est dérobé si l'on préfère, pendant deux décennies.
 
Le story-telling gouvernemental nous présente l’équipe ministérielle – la quatrième des vingt-sept premiers mois du quinquennat Hollande – comme une bande d’amis loyaux à un président prétendument courageux et réformiste et à son premier ministre.
 
Mais la réalité est un peu moins pimpante : l’équipe au pouvoir ne représente ni l’électorat qui a porté François Hollande au pouvoir en 2012, ni bien sûr l’électorat qui n’a pas voté pour lui. Et pourtant, ce gouvernement va devoir lancer plusieurs réformes impopulaires dans les mois qui viennent : déprise de l’état tentaculaire, redécoupage territorial des provinces, allègement des charges qui pèsent sur les entreprises, relance d’une croissance qui ne reviendra pas à coup d’injonctions et de pactes, lutte contre le chômage… dont plusieurs sont à l’opposé des promesses en l’air du candidat Hollande en 2011-2012 et dans lesquelles la lutte des classes n'a plus sa place.
 
Et au-delà de ces défis, le gouvernement va devoir ferrailler contre la gauche traditionnaliste de la France, celle qui reste foncièrement hostile et réfractaire à la social-démocratie ouverte à l’économie de marché que le premier ministre a appelé de ses vœux devant le MEDEF dans son discours de mercredi.
 
La cote de popularité de François Hollande est à 17%, ce qui en fait le plus rejeté de tous les présidents de la République qui se sont succédé depuis 1958. Au Parlement, le gouvernement va devoir s’attirer les bonnes grâces de la quarantaine de députés socialistes contestataires qui se sont reconnus dans les prises de position d’Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filipetti, qui vienne d’être emportés par la purge… En l’absence de majorité, le gouvernement risque d’être otage des minorités qu’il va chercher à agglutiner à son dernier carré de fidèles. Ce n’est pas la meilleure façon d’aborder une phase de turbulences qui va durer deux ou trois ans au moins.
 
Pour François Hollande, les dés sont jetés. Peut-être pour la dernière fois. À moins qu’il ne se trouve quelque épouvantail à moineaux – ou à pigeons – contre lequel il pourrait mobiliser les foules. Ce n’est pas gagné.
 




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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 01:02

Podemos_secateur.jpg

 

En Espagne, un sondage du Centre de Recherches Sociologiques montre que le nouveau parti Podemos est en passe de devenir le troisième parti politique du pays : 15,3% des sondés lui accordent leur confiance, derrière le Partido Popular (Parti Populaire, 30%) au pouvoir et le Partido Socialista Obrero Español (PSOE, Parti Socialiste des Ouvriers Espagnols, 21,2%).
 
Ce sondage a été réalisé au début juillet, c’est-à-dire avant que Pedro Sánchez soit élu à la tête du PSOE. Il montre que le modèle politique traditionnel espagnol, qui voyait s’affronter depuis le retour de la démocratie en 1970 les deux grands partis à l’exclusion de tout autre, est en train d’évoluer.
 
Au-delà des affinités politiques des personnes interrogées pour chaque parti, le sondage demandait aussi pour lequel de ces partis les sondés voteraient si une élection devait avoir lieu prochainement. Et là, les choses sont beaucoup plus floues : 12,8% pour le PP, 10,6% pour le PSOE, et 11,9% pour Podemos.
 
Carolina Bescansa, maître de conférence à l’Université Complutense de Madrid et analyste politique en chef de Podemos, n’a pas tardé à commenter ces résultats sur la chaîne de télévision Cuatro, le lundi 4 août 2014 : « Il y a, d’une part, la tendance à la chute du système des deux partis, et d’autre part la tendance à la hausse de Podemos. Nous assistons à une prise de pouvoir par le peuple, et elle influe sur la relation qu’ont les gens avec le pouvoir. »
 
Au-delà de cette déclaration somme toute assez convenue et prévisible, s’il est vrai que le système des deux partis a du plomb dans l’aile, les principaux sujets de préoccupation des Espagnols restent le chômage et la corruption, comme le montre aussi le sondage. La crise économique vient en troisième position, et le souhait de voir s’améliorer « les politiciens en général, les partis et les politiques » ne vient qu’en quatrième.
 
Preuve de la désaffection des Espagnols pour leurs deux grands partis, le sondage montre que 67% des interrogés jugent « mauvaise ou très mauvaise » l’action du Parti Populaire au pouvoir, et 70% pensent la même chose du PSOE, actuellement dans l’opposition. Dans la même veine, le premier ministre Mariano Rajoy inspire « peu ou pas du tout » confiance à plus de 85% de ses administrés. Mais Alfredo Pérez Rubalcaba, prédécesseur de Pedro Sánchez à la tête du PSOE, faisait encore pire avec 90%...
 
Carolina Bescansa a beau dire, au sujet du système des deux partis, que « Le temps de la stabilité a changé » et que « la majorité sociale est sur le point de devenir la majorité politique », il n’empêche que la montée de Podemos doit beaucoup au rejet des hommes et des femmes politiques qui ont laissé le pays s’enfoncer dans la crise et la récession.

 

La tactique de prise de pouvoir qui consiste à se présenter comme le coupeur de têtes est vieille comme le monde. Et une fois les têtes coupées, que se passera-t-il ?
 


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