La situation s'aggrave autour du volcan Shinmoedake, qui est entré en éruption la semaine dernière au Japon.

Des centaines de Japonais ont fui leurs maisons par crainte de voir l’activité volcanique du mont Shinmoedake se transformer en une éruption massive, déclenchant des coulées destructives de roches en fusion et de gaz brûlants.
 
La municipalité de Takaharu dans la préfecture de Muyazaki a informé dimanche soir 1158 de ses administrés qu’il devaient évacuer leurs 513 maisons proches du volcan. Près de 600 ont déjà bravé les froidures et sont arrivées dès lundi matin dans les abris qui leur ont été réservés en ville. « Nous avons quitté notre maison immédiatement en n’emportant que quelques valeurs et des couvertures » déclare un fermier de 56 ans désormais réfugié au dispensaire municipal avec trois autres membres de sa famille. « Je ne sais que faire. Je vais attendre pour voir comment évolue la situation » ajoute-t-il, avant de penser qu’il va lui falloir rentrer chez lui pour nourrir sa vache.
 
Le volcan de 1421m, dans la chaîne du Kirishima qui s’étend sur les préfectures de Miyazaki et de Kagoshima, est entré en éruption la semaine dernière pour la première fois en 52 ans, crachant des pierres et des cendres qui ont recouvert son voisinage.
 
Le gouvernement central a mis en place une cellule de crise auprès du bureau du Premier Ministre pour suivre cette éruption.
 
L’Observatoire Météorologique du district de Fukuoka a élargi la zone interdite jusqu'à 3km autour du cratère, au lieu de 2km précédemment. Cette zone interdite s’étend désormais sur les communes de Kobayashi (préfecture de Miyazaki) et de Kirishima (préfecture de Kagoshima), en plus de celle de Takaharu.
 
L’Observatoire a dit que le dôme de lave découvert dans le cratère vendredi dernier avait vu sa taille passer de « quelques douzaines » de mètres à 500m. Or le cratère du volcan ne fait que 700 à 800m de diamètre.
 
Motoo Ukawa, directeur du Département de Recherches Vulcanologiques de l’Institut National de Recherches pour les Sciences de la Terre et la Prévention des Désastres, pense que le dôme de lave pourrait empêcher le magma de sortir du cratère, ce qui fera immanquablement monter la pression à l’intérieur du volcan.
 
Un tel scénario pourrait aboutir à une éruption explosive qui détruirait le dôme et qui enverrait de larges coulées pyroclastiques sur les pentes du volcan, d’après Motoo Ukawa et d’autres responsables.
 
Takahiro Yamamoto, un chercheur de l’Institut National des Sciences et Technologies Industrielles Avancées, pense que les coulées pyroclastiques du Shinmoedake seront différentes de celles du mont Fugendake dans les montagnes Unzen.
 
Dans le cas du Fugendake, des dômes de lave s’étaient effrités à plusieurs reprises au cours des éruptions de 1991, causant des coulées pyroclastiques qui avaient tué plus de 40 personnes.
 
« Dans le cas du Shinmoedake, le dôme de lave a grossi à l’intérieur d’une large faille du cratère. C’est un cas où les énormes colonnes de gaz et de roches émises par une éruption redescendent en coulées pyroclastiques » pense Yamamoto.
 
Pour Minoru Takeo, un professeur de séismologie à l’Institut de Recherches sur les Séismes à l’Université de Tokyo, « les activités volcaniques peuvent changer à tout moment » sur le Shinmoedake puisque des secousses sismiques mineures, à longue période et connues sous le nom de « type BL », ont commencé à croître depuis samedi.
 
Une telle augmentation des secousses BL est souvent suivie d’éruptions explosives de petite ampleur, explique-t-il avant de rajouter qu’il est difficile de prédire la date exacte des éruptions.
 
L’activité volcanique du Shinmoedake est la première d’une telle ampleur depuis 1716 ; à cette époque, les éruptions majeures s’y étaient enchaînées pendant un an et demi.
 

Le fermier de Takaharu va peut-être devoir trouver une autre solution pour nourrir sa vache...