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  • : Le livre d'heures de Dom Bosco
  • : Commentaires au hasard des actualités, par un père et ses jeunes fils qui vont chercher l'info au lieu d'absorber passivement celle qu'on leur sert.
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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 10:34

Wat_Phnom.jpg
 

Le jeudi 10 octobre 2013, une manifestation a dégénéré dans les rues de Phnom Penh, au Cambodge : 300 moines bouddhistes et représentants d’une cinquantaine de communautés s’étaient réunis devant le temple du Wat Phnom, portant des t-shirts sur lesquels on pouvait lire (en langue khmère) « Coordination des pauvres urbains et ruraux », pour protester contre l’octroi de nouvelles concessions immobilières par le gouvernement à des compagnies industrielles. Ces concessions aboutissent à l’expulsion de leurs terres des pauvres gens qui y vivent.
 
La manifestation s’est heurtée aux forces de l’ordre, et la confrontation a dégénéré en violences, la police prétextant que la manifestation avait été interdite. Les boucliers de plexiglas, les grenades lacrymogènes et les matraques ont servi à faire passer l’interdiction dans les faits.
 
Pour Chea Naret, représentante de la communauté du quartier de Boeung Kak (qui a été expropriée et relogée à 40km du centre-ville de Phnom Penh), « Si le gouvernement veut favoriser le développement, il devrait le faire d’une manière qui ne nuise pas aux citoyens. » Elle pense que tous les Cambodgiens devraient avoir les mêmes droits, indépendamment de leur condition sociale.
 
Duch Chantha, évincé de sa maison de Dey Krahom il y a cinq ans, explique que le gouvernement a sciemment favorisé l’accaparement de terres, laissant des familles entières sans toit et expédiant leurs enfants dans des écoles situées à des kilomètres de leurs familles, ce qui a conduit à déscolariser ces enfants et à les enfermer dans la perpétuation de la condition miséreuse de leurs parents.
 
Jeudi, la police a expliqué que l’interdiction de la manifestation était une « mesure de protection ». L’argument laisse Duch Chantha perplexe : « Protéger quoi ? Ils sont venus nous asperger de gaz lacrymogènes et nous tirer dessus. Exactement comme le jour où les bulldozers sont venus détruire nos maisons. »
 
Jeudi, la confrontation a commencé par une guéguerre des décibels entre les 300 manifestants et les 200 policiers. Les premiers criaient leurs slogans, les seconds essayaient de les couvrir à l’aide de mégaphones.
 
Un des officiers de la police a expliqué dans son mégaphone que « Toutes les personnes et les organisations présentent ne respectent jamais les lois et sont source d’anarchie dans Phnom Penh. Le gouvernement n’a pas étouffé vos droits, et aujourd’hui vous avez beaucoup trop de droits. Le gouvernement crée toujours le bonheur et la sécurité. »
 
Vers 10h du matin, les manifestants se sont mis en marche vers l’Hôtel de Ville pour y remettre une pétition des communautés et des ONG contre les accaparements de terres, mais la police leur a barré la route.
 
Comme les manifestants essayaient de se frayer un chemin à travers le mur des boucliers anti-émeutes (photo), cinq personnes ont été légèrement blessées.
 
Aucun des blessés n’a été hospitalisé, ce qui signifie qu’ils ont été soignés par des moyens traditionnels et que leurs blessures n’étaient pas susceptibles d’entraîner des complications.
 
Après de brèves négociations, le personnel de l’Hôtel de Ville a accepté que cinq représentants des manifestants aillent leur remettre leur pétition.
 
Les dernières élections ont affaibli le pouvoir du premier ministre Hun Sen, en montrant qu’une opposition lui était possible au Cambodge. Depuis, on constate une crispation du régime et une augmentation de la répression policière, même contre des manifestations qui ne risquent pas de faire tomber le gouvernement.

 

Il faut dire que le premier ministre Hun Sen, ex-officier des Khmers rouges aujourd'hui fervent thuriféraire de la Chine communiste, s'y entend en démocratie.

 


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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 10:48

Guarani.jpg
 

La découverte d’une adolescente pendue à un arbre près de Bororó de Dourados, au Brésil, pour atroce qu’elle puisse paraître, ne choque plus les membres de la tribu Guarani Kaiowá dont elle était issue : cette tribu a un des taux de suicide les plus élevés du monde.
 
En préparation à la Journée Mondiale de la Santé Mentale qui a eu lieu ce jeudi 10 octobre 2013, l’association Survival International a publié un rapport selon lequel la tendance au suicide des Guarani Kaiowá est 34 fois supérieure à la moyenne nationale brésilienne.
 
Sans fard, l’association présente cette propension morbide comme un « génocide silencieux ».
 
La communauté Guarani Kaiowá compte 31 000 membres, dont la plupart habitent dans l’état de Mato Grosso do Sul, au sud-ouest du Brésil. Depuis qu’elle a été dépossédée de ses terres ancestrales au profit des ranchers et des exploitations agricoles de production de biocarburant, elle est en proie à l’alcoolisme, à la dépression, à la misère et à la violence.
 
Cette situation dure depuis des décennies, mais Survival explique que le taux de suicide des Guarani Kaiowá a augmenté au cours des dernières années. Depuis le début du XXIsiècle, on y constate pratiquement un suicide par semaine.
 
Dans presque tous les cas, les gens se pendent à l’aide de cordes, de ceintures ou de pièces de vêtement. Il s’agit majoritairement de jeunes. La dernière victime, découverte ce mercredi, était une adolescente de 17 ans. La semaine dernière, un garçon de 16 ans de la réserve de Dourados et un autre de 19 ans de la réserve d’Amambai s’étaient suicidés.
 
« La raison principale, c’est le manque de terres », explique Mary Nolan, une religieuse américaine qui est aussi avocate spécialisée dans les Droits de l’Homme. « Les Guarani pensent que leur relation à l’univers est rompue depuis qu’ils ont été séparés de leurs terres. Ils se perçoivent comme un peuple brisé. » Dans la communauté, beaucoup de gens interprètent leur rupture d’avec le cosmos comme un signe prémonitoire de la destruction de l’univers.
 
Les conséquences de la dépossession de leurs terres ancestrales ne se bornent pas à ces questions cosmologiques : elle a aussi ruiné la structure sociale de la communauté. Traditionnellement, les querelles entre familles d’un même clan se réglaient par le départ d’une des familles qui partait un peu plus loin fonder un nouveau clan sur un nouveau territoire. Ce mode de résolution des tensions sociales exigeait de disposer d’un vaste espace forestier ; il n’est plus possible depuis que les Guarani sont entassés par milliers dans des réserves non extensibles.
 
Dans une des camps de la réserve Dourados, le taux de meurtre est 50% plus élevé qu’en Irak. L’atmosphère oppressante et violente est encore assombrie par les assassinats des chefs de clan qui se dressent pour réclamer la restitution de leurs terres par les fermiers.
 
La tendance au suicide a pris corps, si l’on ose dire, au sein de la première génération à grandir dans les réserves, dans lesquelles les tribus ont été obligées de s’installer dans les années 1970.
 
Tonico Benites, ethnologue Guarani, explique : « Sans terres pour perpétuer leur culture ancestrale, les Guarani-Kaiowá se sentent humiliés. Ils ont honte. Beaucoup se sentent tristes, exposés à l’insécurité, instables, inquiets, affamés et misérables. Ils ont perdu leurs champs et leurs espoirs d’une vie meilleure. Ils sont exploités et réduits en esclavage par les producteurs de canne à sucre qui alimentent l’industrie de l’alcool. Cette misère et cette désespérance sont les causes de la violence et des suicides, endémiques parmi les jeunes. »
 
Les autorités brésiliennes ont pris la mesure de cette vague de suicides mais tardent à prendre des mesures à la hauteur de son ampleur.
 
Plusieurs jugements de justice ont ordonné l’attribution de nouvelles terres aux Guarani, mais peu de choses ont été faites dans ce domaine depuis les années 1990. Seule une petite portion de leurs anciennes terres leur a été restituée, ce qui a très symptomatiquement été suivi d’une baisse des suicides. Depuis, la démarche a pratiquement été stoppée, sous la pression dit-on que le lobby « ruralista » des grands propriétaires terriens exercerait sur le Congrès brésilien.
 
Ailleurs dans le monde, d’autres communautés indigènes ou aborigènes, dont les îliens Tiwi d’Australie, les bergers Khanty de Sibérie et les Inuits du Groenland, connaissent des taux de suicide anormalement hauts. Selon les anthropologues, cette tendance est étroitement liée à la perte de leurs terres, à la désintégration sociale qui s’ensuit, prélude à la dépendance économique et à l’appel à l'assistanat et aux associations humanitaires. Le résultat de cette dépossession est partout le même : violence et alcoolisme à l’intérieur de la communauté, mépris et rejet xénophobe à l’extérieur. Selon le mot d’un de ces anthropologues, les jeunes se retrouvent « coincés quelque part entre un passé qu’ils ne comprennent pas et un avenir qui ne les accepte pas. »
 
« Malheureusement, le cas des Guarani n’est pas unique. Partout dans le monde, les peuples autochtones ont des taux de suicide très supérieurs au reste de la population », explique Stephen Corry, directeur de Survival International.
 
Beaucoup de voitures roulent à l’éthanol au Brésil. Mais ce « progrès » s’est fait au détriment des peuples de la forêt, dépossédés de leurs terres pour les besoins de la production de canne à sucre.
 
Et au prix d’un suicide de jeune par semaine.

 


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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 12:30

Weibo.jpg
 

Plus de deux millions de Chinois seraient employés par le gouvernement pour surveiller les activités sur Internet : ce n’est pas un quelconque sinophobe primaire qui le dit, c’est la télévision d’état chinoise.
 
Les Nouvelles de Pékin présentent ces agents comme des « analystes d’opinion ». Certains sont payés par l’état, d’autres par des firmes privées.
 
Leur terrain de chasse privilégié est très probablement la blogosphère chinoise, où des centaines de millions d’internautes se laissent régulièrement aller à critiquer leurs autorités locales ou le gouvernement central.

 

Toujours selon Les Nouvelles de Pékin, ces « analystes d’opinion » ne suppriment pas les contenus suspects ou déviants sur les médias sociaux ; leur rôle se limite « strictement à recueillir et analyser l’opinion publique sur les microblogs, et à compiler des rapports pour les décideurs. »
 
Le reportage des Nouvelles de Pékin donne quelques détails sur les méthodes de ces « analystes d’opinion ».
 
Tang Xiaotao travaille comme analyste d’opinion depuis moins de six mois, explique le reportage sans mentionner où il travaille.

 

« Il s’assied devant son PC tous les jours, et il saisit dans une application les mots-clés que ses clients lui ont spécifié. Puis il surveille les opinions négatives sur ses clients, les recueille, les compile dans un rapport et l’envoie à ses clients. » On notera que les décideurs sont devenus des clients, c'est plus discret.
 
L’application en question est un logiciel installé sur un seul poste de travail mais qui permet de fliquer des milliers de serveurs. Il surveille aussi des sites Web situés hors de Chine, selon le reportage.
 
Il est exceptionnel que la Chine révèle ce genre de détails (vrais ou faux) sur l’étendue et la sophistication de sa police de la Toile. Il est fort probable que le nombre de deux millions d’agents ne représente qu’une partie de cette armée de l’ombre qui permet au régime de censurer et brider l’expression des Chinois sur les médias sociaux.
 
Les Nouvelles de Pékin expliquent que des cours de formation seront organisés pour ces agents du 14 au 18 octobre. Le reportage ne précise pas si cette formation s’adresse aux nouveaux embauchés ou aux agents en place. Huit modules de formation sont prévus, qui doivent permettre aux participants de maîtriser les techniques d’analyse et d’appréciation du contenu des blogs, et de « gérer les situations de crise » (ce qui semble quelque peu contradictoire avec la non-intervention mentionnée plus haut…)
 
Weibo, le plus populaire des sites de micro-blog chinoise, lancé en 2010, compte aujourd’hui plus de 500 millions d’utilisateurs inscrits. Plus de 100 millions de messages y sont postés chaque jour, sur des sujets aussi variés que les loisirs personnels, les questions de santé, les potins sur les célébrités, la sécurité alimentaire, mais aussi sur des sujets plus sensibles politiquement comme la corruption des cadres du Parti Communiste Chinois. Les messages jugés déviants ou politiquement incorrects sont régulièrement supprimés. 

 


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