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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 07:35

ADN_prehistoire.jpg
 

Plusieurs décennies d’analyses ADN sur les Européens modernes suggèrent que deux évènements majeurs sont survenus dans la préhistoire qui ont considérablement modifié le patrimoine génétique du continent : son peuplement initial par des chasseurs-cueilleurs au Paléolithique (il y a 35 000 ans) et une vague de migration de cultivateurs venus du Moyen Orient au Néolithique (il y a environ 6 000 ans).
 
Mais parmi les paléoanthropologues, un sujet fait débat : quel héritage génétique ont laissé ces deux vagues de migration dans les populations européennes d’aujourd’hui ?
 
Selon le professeur Alan Cooper, de l’Université d’Adelaïde en Australie, les marqueurs génétiques des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, dont le mode de vie avait connu un brillant succès sur tout le continent, ont été soudainement remplacés il y a environ 4 500 ans, sans que l’on puisse expliquer pourquoi.
 
L’analyse ADN des restes d’une quarantaine d’hommes qui avaient vécu dans ces temps reculés en Europe du Nord et du Centre semble montrer que l’héritage génétique des chasseurs-cueilleurs a tout bonnement été effacé par les migrations ultérieures, dont les pionniers cultivateurs du Néolithique, mais peut-être aussi par des vagues plus récentes.
 
Certains chercheurs restent cependant prudents et font remarquer que d’autres échantillons seraient nécessaires pour affiner et confirmer l’étude. Par ailleurs, l’échantillonnage étudié ne couvre pas tout le continent et ne permet pas de savoir ce qui s’est passé en Europe du Sud.
 
Le dernier article publié dans la revue Nature Communications montre également que d’autres évènements, survenus après la grande migration du Néolithique, ont eu des conséquences majeures sur l’ADN des hommes modernes.
 
L’équipe internationale auteur de cet article s’est intéressée à l’ADN mitochondrial (ADNmt), qui contient les informations génétiques transmises, pratiquement inchangées, par la mère à ses enfants.
 
L’étude des mutations de cet ADNmt permet de reconstituer les liens de maternité des différents groupes humains ainsi que l’ordre dans lequel ils ont divergé génétiquement, probablement après s’être séparés physiquement. Des mutations communes dénotent une ancêtre commune.
 
Plus précisément, les chercheurs se sont intéressés à un groupe de ces mutations connues sous le nom de haplogroupe H, dominant en Europe. Pas moins de 40% des Européens modernes appartiennent au « clan génétique » porteur de ce haplogroupe, avec une plus forte concentration dans l’Ouest du continent qu’à l’Est.
 
Les chercheurs ont sélectionné les restes de 39 êtres humains de la région de l’Elbe-Saale en Allemagne, tous « porteurs » du haplogroupe H. Cette région est connue pour ses squelettes préhistoriques remarquablement conservés qui ont permis de reconstituer une chronologie pratiquement continue des implantations humaines au fil des temps préhistoriques depuis le Paléolithique.
 
Les 39 squelettes étudiés couvrent 3 500 ans de préhistoire européenne, depuis le Néolithique précoce jusqu’à l’Âge du Bronze.
 
Le séquençage génétique de l’ADNmt de ces 39 squelettes révèle les mutations que l’ADN de ce groupe humain a subies au cours du temps. Or la signature génétique des hommes du Néolithique précoce ne se retrouve que rarement, voire pas du tout, dans le génome des populations actuelles.
 
Inversement, seuls 19% des squelettes du Néolithique précoce appartiennent au « clan H ».
 
En revanche, l’ADN du Néolithique moyen se rapproche beaucoup plus de celui des hommes modernes : il semblerait donc qu’il y ait eu, vers l’an 4 000 av. J-C., un renouvellement de la population qu’on ne soupçonnait pas jusqu’alors. La vitesse de mutation génétique observée à cette époque est de 45% supérieure à ce que l’on observe d’habitude, prouvant par là que la mutation n’est pas uniquement due à l’évolution naturelle du génome d’un groupe humain isolé.
 
Alan Cooper, co-auteur de l’article, écrit : « Ce qui est surprenant, c’est que les marqueurs génétiques propres à la première culture pan-européenne, qui avait connu un très net succès, a été soudainement remplacée il y a 4 500 ans, et nous se savons pas pourquoi. Il s’est passé quelque chose d’important, et les prochaines recherches vont essayer de découvrir de quoi il s’agissait. »
 
Un apport génétique important a pu être le fait, au Néolithique tardif, d’un groupe humain lié à ce que les archéologues appellent la culture campaniforme (Bell Beaker culture en anglais, Glockenbecherkultur en allemand) qui doit son nom à la forme en cloche de ses vases en céramique. Certains sous-groupes du haplogroupe H, aujourd’hui communs, sont apparus avec ces hommes et se sont rapidement répandus ensuite.
 
Les origines géographiques et le mode de propagation de la culture campaniforme font cependant l’objet de nombreux débats. Bien qu’ils aient été exhumés en Elbe-Saale en Allemagne, les squelettes de cette époque campaniforme sont proches génétiquement des habitants actuels de la péninsule ibérique (Espagne, Portugal).
 
D’autres restes humains du Néolithique tardif, appartenant à la culture d’Únětice qui a remplacé la culture campaniforme en Bohème et qui marque le début de l’Âge du Bronze en Europe, attestent que le « clan H » s’est également répandu à l’Est de l’Allemagne, dans l’actuelle Tchéquie.
 
Le professeur Wofgang Haak, co-auteur de l’article, conclut : « Nous avons établi que les fondements génétiques de l’Europe moderne ne se sont établis qu’au Néolithique moyen, après l’importante transformation génétique qui a eu lieu il y a 4 000 ans. »
 
« Cette diversité génétique s’est ensuite modifiée encore une fois par l’arrivée et l’extension de toute une série de cultures venues d’Ibérie et d’Europe de l’Est au cours du Néolithique tardif. »
 
Le professeur Spencer Wells, directeur du Projet Génographique qui est derrière toutes ces études, commente : « Des études comme celle-là sur les restes humains préhistoriques constituent un apport considérable aux travaux que nous menons sur les populations contemporaines au titre du Projet Génographique. Alors que l’ADN des hommes d’aujourd’hui ne révèle que le résultat final des migrations de leurs lointains ancêtres, il nous faut étudier les ADN préhistoriques si nous voulons comprendre réellement comment les génomes modernes ont été créés. »

 

Si les hommes préhistoriques qui fabriquaient des poteries en forme de cloche en plein milieu du Néolithique savaient ce qu'on découvre dans leurs squelettes...

 


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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 08:24

Pu_Yi.jpg
 

L’histoire de Pu Yi, le dernier empereur de Chine (photo ci-dessus), est surtout connue par le film « Le dernier empereur » de Bernardo Bertolucci. Si sa vie est relativement bien connue après que les Japonais l’ont mis sur le trône de l’état qu’ils avaient créé en Mandchourie, celle de ses premières années l’est beaucoup moins – ou plutôt : l’était beaucoup plus superficiellement. Cette lacune commence à être comblée grâce aux travaux d’un historien chinois.
 
On savait que Pu Yi avait été arraché à sa famille en 1908 et emmené en cris et en pleurs à l’intérieur de la Cité Interdite pour qu’il y perpétue plus de deux mille ans d’autocratie impériale. Il n’avait que 2 ans et 10 mois.
 
Puis, quelques années plus tard, en 1912, alors que la Chine bruissait de la révolution, sa tante et mère adoptive l’impératrice douairière Longyu, a scellé et signé l’acte d’abdication qui a, de fait, déposé Pu Yi du Trône du Dragon.
 
Et depuis, tous les chercheurs du monde s’intéressant à la dynastie impériale chinoise se perdaient en conjectures sur les motivations qui avaient poussé l’impératrice douairière (ci-dessous) à abdiquer de son plein gré.

 

Longyu.jpg

 

Jia Yinghua, retraité de la fonction publique chinoise et reconverti comme historien amateur, vient de lever un coin du voile. Longyu avait fait l’objet d’un chantage : soit elle abdiquait et touchait 20 000 Taels (sous la forme de 770kg d’argent), soit elle prenait le risque de finir décapitée comme Louis XVI.
 
« Ce qui s’est passé est un sujet tellement sensible qu’il a fallu plus de cent ans avant de le découvrir », explique Jia Yinghua dans son dernier ouvrage, « La vie extraordinaire du Dernier Empereur » qu’il a réalisé d’après les archives secrètes de Zhongnanhai, la résidence fermée du pouvoir chinois, et d’après des entretiens qu’il a eus avec des descendants des membres de la Cour impériale.
 
Et l’aspect sensible de l’affaire n’est peut-être pas éteint, tant il rappelle la vie politique de la Chine d’aujourd’hui. De fait, plusieurs passages du livre de Jia Yinghua sont impubliables en Chine, soit parce qu’ils écornent le mythe de la révolution républicaine de 1911, soit parce qu’ils risquent de faire comprendre au Chinois que le Parti Communiste Chinois ne vaut guère mieux, sur certains aspects, que les mandarins qu’il a contribué à destituer…
 
Jia Yinghua raconte : « L’époque de son abdication était marquée par la corruption. Les membres du gouvernement se laissaient acheter. »
 
La Cour impériale de la fin de la dynastie Qing n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été. Des pays étrangers, et notamment la Grande-Bretagne, avaient humilié ses armées au combat, arraché des pans entiers de son territoire et exigé le paiement de somme exorbitantes.
 
Privée de revenus, la cour des Qing en avait été réduite à mettre en gage les habits de soie précieuse du défunt empereur Guangxu, prédécesseur de Pu Yi.
 
Hors de la Cité Interdite, la révolte grondait, appelant à instaurer une république. Plusieurs soulèvements avaient déjà eu lieu.
 
Afin de calmer et stabiliser la situation, la Cour a nommé le général Yuan Shikai, homme d’influence qui tenait la puissante armée du Nord, au poste de Premier Ministre.
 
Mais comme le montrent les travaux de Jia, Yuan Shikai (photo ci-dessous) était déjà déterminé à destituer l’enfant-empereur, le cajolant et le menaçant tour à tour, et corrompant plusieurs personnages influents de la Cour.

 

Yuan_Shikai.jpg

 

Yuan Shikai ne s’est pas contenté de corrompre la mère adoptive de Pu Yi, il a également acheté Xiao Dezheng, son plus proche eunuque, et le prince Yikuang, qui était un des membres les plus influents de la Cour.
 
« En 1911, le journal The Times a révélé que le prince Yikuang avait deux millions de dollars en argent sur ses comptes en banque à Shanghai et à Hong-Kong. C’était le fruit des pots-de-vin qu’il avait touchés pour destituer le monarque », explique Jia Yinghua.
 
L’eunuque, lui aussi, avait bien compris comment profiter de la situation pour emplir sa bourse : il avait touché une somme similaire, qui représentait l’équivalent d’un milliard d’Euros d’aujourd’hui. Il a utilisé cet argent pour se faire construire une maison somptueuse dans la ville de Tianjin, où il a entreposé tous les trésors qu’il avait dérobés dans le palais impérial.
 
Pour prix de sa corruption, l’eunuque s’est chargé de convaincre l’impératrice douairière d’abdiquer, en lui expliquant que cela la rendrait immensément riche, « et si elle refusait, qu’elle pourrait finir comme Louis XVI pendant la Révolution française : la tête tranchée », détaille Jia Yinghua.
 
Pour faire bonne mesure, le général Yuan Shikai a usé de ses réseaux pour faire parvenir à la Cour plusieurs lettres de menace : « Il entretenait de bonnes relations avec l’ambassade de Russie. Il leur a demandé d’écrire une lettre expliquant que si l’impératrice refusait de signer la lettre d’abdication, les puissances européennes l’obligeraient à le faire de toute façon », explique Jia Yinghua, qui cite les archives de Zhongnanhai.
 
Yuan Shikai avait également rédigé le télégramme que 44 commandants d’armée ont envoyé pour appeler à la dissolution de l’Empire, d’après les notes de son assistant, Zeng Yujun.
 
Il a fallu près de cent ans pour découvrir que Yuan Shikai ne s’était pas retourné contre le système impérial au dernier moment, par opportunisme. Il en avait été un des nombreux fossoyeurs, de longue date.
 
Si plusieurs ouvrages de Jia Yinghua ont été traduits en anglais, aucun ne l’a été en français. Gageons qu’il en sera de même pour celui-ci.

 


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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 09:12

Lefort.jpg
 

Un groupe de plongeurs russes qui cherchait l’épave d’un sous-marin disparu pendant la 2Guerre Mondiale dans le Golfe de Finlande est tombé par hasard sur un voilier de l’ancienne Marine Impériale de Russie, dont le naufrage en 1857 était resté pendant près de 140 ans la pire catastrophe maritime de la Baltique.
 
Les recherches avaient commencé le 1er mai 2013. Elles portaient sur le sous-marin soviétique Shch-320 de la classe Shchuka qui avait sauté sur une mine allemande le 27 octobre 1942.
 
Le colonel Andrei Bobrun, chargé de communication du District Militaire Ouest, a expliqué le lundi 6 mai : « Au cours des recherches au sonar, un grand objet a été découvert sur le fond de la mer. Il a été identifié comme étant une  coque de navire. En fin de compte, il s’est avéré qu’il s’agissait du LEFORT, un navire de ligne de la Flotte de la Baltique de la Marine Russe qui avait coulé pendant l’automne 1857. Jusqu’ici, on ignorait où il se trouvait. »
 
Les plongeurs qui ont examiné l’épave ont dit que sa coque était relativement bien conservée. Ils ont trouvé des restes humains, des armes, de la vaisselle et des instruments de marine.
 
Le LEFORT, vaisseau de 3 500 tonnes et 58 m de long, avait chaviré et coulé dans une tempête le 23 septembre 1857 alors qu’il effectuait la traversée entre Revel (aujourd’hui Tallin en Estonie) et Kronstadt. Quelque 826 personnes avaient trouvé la mort : les 756 hommes d’équipage et 70 membres de leurs familles (53 femmes et 17 enfants).
 
Le naufrage du LEFORT est resté la pire catastrophe maritime en Baltique jusqu’en 1994, année où le naufrage du ferry ESTONIA a fait 852 morts.
  


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