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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 09:44

grotte Carajas
 

Ce sont des grottes que les archéologues ne peuvent atteindre qu’en grimpant à travers une forêt vierge où pullulent orchidées, jaguars et anacondas. C’est une des raisons pour lesquelles ces grottes gardent encore une bonne part des secrets archéologiques qu’elles recèlent sur les hommes qui y ont habité il y a plus de 8 000 ans.
 
Perdues dans leur brume, ces grottes posent un dilemme au Brésil : le minerai de fer des mines de Carajás, exporté majoritairement en Chine, créent des emplois et font rentrer des devises, mais les rchéologues et les chercheurs dénoncent un projet d’extension des mines à ciel ouvert, qui détruirait une partie des grottes qu’ils présentent comme « une fenêtre sans pareil sur le passé » du Brésil, encore très mal connu.
 
Genival Crescêncio, historien et chercheur près de l’état de Pará (où se situe Carajás), explique : « C’est une occasion unique de découvrir une partie de l’histoire humaine de l’Amazonie, et au-delà de l’histoire du peuplement des Amériques. Nous devrions protéger cet endroit unique pour les scientifiques, et au lieu de ça nous le détruisons pour que les Chinois puissent ouvrir quelques usines de plus. »
 
Les grands travaux entrepris par le Brésil pour augmenter ses capacités d’extraction minière et pour développer ses infrastructures ont amené à faire plusieurs découvertes, en Amazonie ou ailleurs. A Rio de Janeiro, des archéologues sont en train de fouiller un marché aux esclaves et un cimetière où des milliers d’Africains ont été enterrés. Ces vestiges ont été découverts à l’occasion d’un chantier de modernisation du port et du réseau de transports publics en vue des Jeux Olympiques de 2016.
 
Les tribunaux brésiliens peuvent ordonner aux entreprises qui financent ou réalisent de tels chantiers de protéger les sites archéologiques, ou d’en transférer le contenu vers des laboratoires ou des universités où ils pourront être étudiés. Ils n’hésitent pas à le faire : en 2012, le géant américain minier Anglo-American a dû arrêter les travaux sur un grand projet du Minas Gerais sur décision de justice parce que le chantier menaçait un site archéologique.
 
Pour les chercheurs qui ont commencé à explorer et fouiller les grottes de Carajás dans les années 1980, ce site pourrait apporter quelques pièces essentielles au puzzle que constitue l’histoire du peuplement des Amériques, et en particulier dans la plus vaste forêt tropicale du monde.
 
Des tessons de vaisselle en céramique ainsi que des outils d’améthyste et de quartz, attestant d’une occupation humaine vieille de plusieurs milliers d’années, ont déjà été découverts à Carajás, dont l’immense réseau de grottes et d’abris naturels laisse présager qu’il s’agit là d’un des plus importants sites jamais découverts en Amazonie pour l’étude des hommes préhistoriques.
 
Ces dernières décennies, le bassin de l’Amazone a livré plusieurs sites archéologiques qui ont fait comprendre aux chercheurs que la région a été occupée par les hommes beaucoup plus tôt que ce qu’ils croyaient précédemment. Il y a trente ans, personne ne pensait que l’Amazonie ait pu abriter des sociétés étendues et sophistiquées, mais aujourd’hui les chercheurs s’accordent à penser qu’il a pu s’y trouver de véritables centres urbains avant l’arrivée de Christophe Colomb.
 
Avant que de telles cités aient été taillées dans le bois de la forêt, les hommes vivaient dans les grottes amazoniennes. Dans la grotte de Pedra Pintada, située dans l’état de Pará comme celles de Carajás, l’archéologue américaine Anna Roosevelt a montré qu’une société de chasseurs cueilleurs s’était installée dans la région il y a 10 900 à11 200 ans, c’est-à-dire beaucoup plus tôt que ce que l’on croyait, et à la même époque où les habitants de l’Amérique du Nord chassaient le mammouth.
 
En dehors de l’Amazonie mais toujours au Brésil, d’autres découvertes remarquables ont été annoncées ces derniers mois. Sur le site de Lapa do Santo (un abri rocheux près de la ville de Belo Horizonte), des archéologues ont annoncé au début 2013 qu’ils avaient trouvé le plus ancien pétroglyphe connu de tout le Nouveau Monde. La gravure, qui représente un homme doté d’un phallus surdimensionné, a été faite entre 10 500 et 12 000 ans avant nous.
 
Pour se rendre à Carajás, les chercheurs doivent rouler pendant des heures sur des pistes détrempées taillées à travers la forêt, avant d’escalader à pied des escarpements des Monts Carajás, dont les pics percent la canopée de la forêt embrumée. Des macaques et des chauves-souris occupent aujourd’hui les grottes où les tribus de chasseurs primitifs avaient autrefois trouvé abri.
 
Certaines de ces grottes, sensiblement plus fraîches que la jungle environnante, sont assez vastes pour abriter une douzaine de personnes. D’autres ne pouvaient en accueillir que deux ou trois.
 
Vale, une entreprise minière d’état, a commencé à exploiter le minerai de fer dans la région après la découverte des grottes en 1967 par un géologue mandaté par la U.S. Steel Corporation pour prospecter du manganèse. Depuis, Vale a été privatisée mais le gouvernement brésilien en contrôle encore une grande partie.
 
En grande partie grâce au complexe de Carajás, où des milliers d’ouvriers font les 3x8 dans le tintamarre des foreuses et des excavatrices, Vale produit 16% des exportations du Brésil. En 2012, ses bénéfices se sont fortement tassés, au moment même où plusieurs de ses projets à l’étranger subissaient d’importants retards. C’est pourquoi Vale compte beaucoup sur son gisement de Carajás pour redresser ses comptes.
 
Vale a annoncé vouloir créer 30 000 emplois dans l’extension de sa mine à ciel ouvert de Carajás, un projet de 20 milliards de dollars appelé Serra Sul qui attire déjà des milliers de migrants de tout le Brésil dans ce coin perdu de l’Amazonie.
 
Pour satisfaire aux lois sur les sites archéologiques, la direction de Vale a annoncé avoir embauché des équipes d’archéologues et de spéléologues pour fouiller les grottes, qui sont situées autour du futur puits de mine à ciel ouvert.
 
Vale a également modifié ses plans d’installation pour préserver quelques-unes des grottes – tout en en détruisant plusieurs dizaines. La compagnie a reconnu qu’au moins 24 des grottes devant être détruites sur le site étaient « d’une grande importance » mais elle a promis d’en préserver d’autres, ailleurs dans l’état de Pará « en compensation pour leur perte », comme si cette expression pouvait avoir un sens quand on envisage de détruire un site unique au monde.
 
Les responsables locaux disent que, bien qu’ils aient réussi à obtenir des concessions à Vale, ils ont ét impuissants à stopper l’extension de la mine. Malgré les préoccupations des archéologues, le gouvernement a octroyé à Vale une licence environnementale en juin 2012, l’autorisant à poursuivre son expansion.
 
Vale a encore besoin d’une autre licence, portant sur l’installation de nouvelles infrastructures. Elle compte l’obtenir courant 2013 et démarrer son projet de Serra Sul. Les archéologues et les habitués des grottes semblent résignés à voir le site de Carajás disparaître à tout jamais.
 
Frederico Drumond Martins, un biologiste qui supervise au nom du gouvernement la Forêt Nationale du Carajás, dit son inquiétude de voir l’extension de la mine détruire une à une toutes les grottes de Carajás dans les décennies qui viennent.
 
Renato Kipnis, un archéologue de renom de São Paulo que Vale a embauché pour fouiller les grottes de Carajás, explique que Vale lui a interdit de communiquer sur l’intérêt archéologique du site, en vertu d’un accord de confidentialité que Vale lui a fait signer. La compagnie l’a tout juste autorisé à se faire interviewer par e-mail, à condition d’avoir un droit de veto sur leur contenu. Ce filtre ne l’a pas empêché de s’émerveiller de l’importance que revêtent ces grottes.
 
« Le principal défi est de trouver le juste milieu entre la protection et le développement », explique-t-il.
 
Un autre défi sera assurément de voir ce que pèsent l’archéologie et l’histoire de l’humanité face aux capitaux chinois (qui semblent plus puissants que ceux américains) : la réponse devrait tomber dans quelques mois.
 


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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 09:08

Onavas.jpg
 

En 1999, des ouvriers qui travaillaient sur un système d’irrigation dans la province de Sonora dans le nord-ouest du Mexique ont mis à jour un cimetière préhispanique.
 
Le site, désormais connu sous le nom d’El Cementerio, et situé à 300m du village d’Onavas. Il a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles dont les premières conclusions n’ont été publiées qu’en novembre 2012.
 
Les restes de quelque 25 personnes y ont été retrouvés. Parmi elles, treize présentaient une déformation crânienne et cinq des mutilations dentaires, toutes typiques de l’ère précolombienne.
 
Dans les cultures méso-américaines, la déformation crânienne était utilisée pour différencier un groupe social D’autres rituels, tels que mutilation des dents, étaient pratiqués à la puberté comme un rite de passage à l'adolescence. Certains des squelettes d’Onavas portaient des ornements fabriqués à partir de coquillages et d’escargots pêchés sur le golfe de Californie, et ouvragés en bracelets, boucles d'oreilles et colliers. Un des morts avait été enterré sous une carapace de tortue marine.
 
Un squelette en particulier (en photo) présente une déformation crânienne en forme de cône que n’auraient pas reniée certains auteurs de science-fiction. Il a appartenu à un homme qui est mort entre 945 et 1308 de notre ère.
 
Cristina Garcia Moreno, une archéologue qui a dirigé le chantier de fouilles en collaboration avec l’Université de l’Etat d’Arizona, explique : « On ne sait pas exactement pourquoi cette population en particulier se déformait le crâne. » Cet étrange rituel, qui faisait ressembler ceux qui le pratiquaient à la famille Tête-de-Cône ou à un Alien du cinéma fantastique, visait peut-être à distinguer une caste aristocratique ou tout autre groupe de personnes qui souhaitait se distinguer physiquement des autres.
 
La déformation de crânes était obtenue en enserrant le crâne des jeunes, avant qu’ils ne s’épaississent, entre deux  blocs de bois serrés par des bandelettes de textile. Sous le crâne du squelette photographié, on devine la forme en V à la partie inférieure de la boîte crânienne et une autre marque sur le dessus du crâne, imprimées par les blocs de bois.
 
L’équipe de fouilles précise que plusieurs ossements déterrés à Onavas appartenaient à des enfants, ce qui incite les archéologues à penser que le rituel de la déformation crânienne n’était pas sans risques. Sur les 25 morts retrouvés, 17 étaient des enfants, dont certains étaient déjà pubères.
 
Les Indiens Chinook, au nord-ouest des USA, et les Choctaw, dans le sud-est des USA, pratiquaient eux aussi la déformation crânienne.
 
Selon Cristina Garcia Moreno, le site d’Onavas appartenait aux anciens Indiens Pima, dont les descendants peuplent l’actuelle province de Sonora dans l’état de Chihuahua. Les anciens Pima pourraient avoir été une colonie des tribus installées le long de la côte du Golfe de Californie dans le sud-ouest de ce qui est aujourd’hui les Etats-Unis d’Amérique, venus là pour y extraire de la turquoise utilisée à des fins ornementales.
 
La prochaine campagne de fouilles, en 2013, permettra sûrement d’en apprendre un peu plus sur cette page méconnue de l’histoire des Amériques précolombiennes.
 


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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 04:25

StalingradPendant quelques jours, la ville russe de Volgograd va reprendre son ancien nom de Stalingrad, à l’occasion du 70e anniversaire de la bataille qui l’a rendue célèbre.
 
Ce 2 février, date qui marque la fin de la sanglante bataille, la ville a donc pris provisoirement le nom de « Stalingrad cité héroïque ».
 
Stalingrad avait été rebaptisée Volgograd en 1961, dans le cadre de la campagne de déstalinisation après la mort du satrape qui avait poussé le culte de la personnalité à ses extrémités.
 
La décision de rebaptiser, pour un temps, la ville de son ancien nom fait suite à de nombreuses requêtes d’anciens combattants.
 
L’arrêté municipal actant la décision autorise les défilés, les discours et les documents officiels à utiliser le nom de Stalingrad à six occasions en 2013 (dont l’anniversaire de la fin de la guerre le 9 mai, et le début de la contre-attaque de l’Armée Rouge sur Stalingrad le 19 novembre).
 
La bataille de Stalingrad a commencé le 17 juillet 1942 et s’est terminée le 2 février 1943. Quelque 750 000 militaires des deux camps et 250 000 civils y ont trouvé la mort.
 
Volgograd s’était appelée Tsaritsyn jusqu’en 1925, date à laquelle elle avait été renommée Stalingrad en l’honneur du rôle que Staline avait joué comme commandant de l’Armée Rouge pendant la guerre civile qui avait suivi la révolution bolchevique. En 1961, huit ans après la mort du Petit Père des Peuples, Nikita Khrouchtchev l’avait rebaptisée Volgograd.
 
Sergei Mitrokhin, chef du parti libéral Yabloko, s’est élevé contre l’idée de rendre hommage à Josef Staline, arguant que la victoire avait été remportée par le peuple, et pas par le chef soviétique.
 
Mais les vétérans et les anciens combattants ont eu le dernier mot : la bataille qu’ils ont gagnée est celle de Stalingrad, et non celle de Volgograd.
 
Et, déjà, certains se prennent à espérer que Volgograd redeviendra un jour Stalingrad – définitivement.
 

 
 
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