En Corée du Nord, ce ne sont pas les clients des prostituées qui encourent les foudres de la justice. Deux hommes de la province de Yangkang, l’un de 60 ans et un étudiant de 20 ans, en ont fait l’amère expérience.
 
Un habitant de ladite région témoigne : « Depuis qu’ils ont amendé le Code Criminel au début de l’année, il y a eu plusieurs exécutions par balle à Hyesan. »
 
« Ces gens sont tués pour servir d’exemples aux autres. Au printemps, un homme d’une soixantaine d’années et un autre d’une vingtaine d’années ont été exécutés en public pour avoir facilité la prostitution. Auparavant, ils auraient été envoyés en camp de rééducation ou quelque chose de ce genre, mais de nos jours les peines sont bien plus sévères. »
 
Selon ce témoin, un couple de sexagénaires ont commencé par louer un terrain vague près de la gare de Hyesan à des voyageurs en attente du départ d’un train – dont les horaires sont très aléatoires en Corée du Nord. Ces passagers des deux sexes trouvaient là le moyen de tuer le temps avec ce qu’ils avaient sous la main, si l’on ose dire. Puis, avec l’argent gagné par cette première activité commerciale, les deux sexagénaires se sont orientés vers l’hôtellerie de passe occasionnelle. Enfin, les clients mâles s’enquérant de plus en plus de professionnelles, le couple s’est mis à louer les services d’étudiantes de l’université en quête de revenus complémentaires, pour satisfaire la demande.
 
Le prix de la chose dépend de l’âge de la dame, à Hyesan. Celles qui ont moins de 25 ans peuvent espérer gagner l’équivalent de 11€ l’acte. Les célibataires de plus de 25 ans doivent se contenter de 8,30€, et les femmes mariées environ 5,50€. Le client et la dame doivent chacun donner 1€ au taulier pour le droit d’usage de la chambre pendant une paire d’heures, le double s’ils veulent passer la nuit.
 
L’exécution publique des deux condamnés a eu lieu sur l’aérodrome de Yeonbong à la sortie de la ville. Avant que le peloton ne fasse son office, le responsable provincial de la sécurité harangué la foule : « Nous ne tolérerons aucun crime, aussi minime soit-il. Que cette exécution serve d’exemple à ceux qui voudraient saper ou abattre de l’intérieur notre mère patrie socialiste. »
 
Les badauds (ou plus exactement : le public qui avait été convié à assister à la scène) n’étaient pas tous au diapason du cadre du Parti : manifestement, le vieil homme ne faisait que chercher à gagner de quoi vivre sans être aux crochets de sa famille, et l’étudiant se serait contenté d’étudier s’il avait eu de quoi payer ses repas.
 
Inversement, d’autres membres du public approuvaient l'exécution : c’était notamment le cas des épouses des cadres du Parti, qui faisaient attention à afficher que ce genre de choses devait être puni. Mais il est de notoriété publique que les premiers clients des péripatéticiennes nord-coréennes sont des cadres du Parti ou des gens riches… Ce qui explique peut-être que les clients ne soient pas inquiétés.
 
La prostitution est un des cinq crimes qui ont été ajoutés à l’Article 60 du Code Criminel de Corée du Nord en janvier 2014, article qui liste les crimes séditieux. Les crimes qui ont été rajoutés ce jour-là sont : les contacts téléphoniques illégaux avec les étrangers, le fait de visionner des films sud-coréens ou d’écouter des radios étrangères, l’usage, la détention ou le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains (dont la prostitution), aider ou cacher des déserteurs, et la divulgation de secrets d’état.
 
Crimes séditieux ? Certains y voient la liste des fléaux auxquels la Corée du Nord doit faire face.

Un haut responsable chinois est arrivé au Vietnam ce mardi 17 juin 2014 pour ce qui devrait être la première rencontre à haut niveau entre les deux pays au sujet de la plateforme de forage que la Chine a déployé dans la Zone Économique Exclusive vietnamienne au début du mois de mai.
 
Yang Jiechi, conseiller d’état, doit s’entretenir avec le vice-premier ministre et ministre des Affaires Étrangères Pham Binh Minh ce mercredi. Puis il verra le premier ministre Nguyen Tan Dung et le secrétaire général du Parti Communiste Vietnamien, Nguyen Phu Trong.
 
Cette visite de Yang Jiechi est la première rencontre intergouvernementale depuis que les Chinois ont déployé leur plateforme HD-981 le 1^er mai dernier, déclenchant une vague d’émeutes antichinoises qui ont laissé cinq ressortissants chinois morts et des centaines d’autres blessés.
 
Pham Binh Minh explique : « Comme nous l’avons affirmé à plusieurs reprises, le Vietnam a toujours eu la patience de rechercher le dialogue pour résoudre les tensions en Mer de l’Est (Mer de Chine orientale). Cette rencontre, de ce fait, sera le canal et l’événement par lequel les deux partis pourront discuter du problème afin de trouver des solutions aux tensions actuelles. »
 
Pham Binh Minh et Yang Jiechi se sont déjà parlé au téléphone, début mai. Le Vietnamien avait dénoncé l’emplacement de la plateforme chinoise, qui violait gravement la souveraineté du Vietnam, et avait demandé à son interlocuteur que la Chine la retire ainsi que tous les navires qu’elle avait déployés autour. Yang Jiechi s’était contenté de répondre que le Vietnam devrait arrêter de harceler les opérations de forage chinoises…
 
La Chine prétend que ses navires ont été éperonnés plus de 1500 fois par des bateaux vietnamiens depuis le début de la querelle. Mais le colonel Ngo Ngoc Thu, commandant adjoint des Garde-Côtes du Vietnam, a balayé ces allégations le lundi 16 juin en rappelant que 36 bateaux vietnamiens avaient été éperonnés, et que 15 fonctionnaires de l’Agence des Pêches ainsi que 2 pêcheurs avaient été blessés.
 
L’officier a balayé de même les autres élucubrations chinoises : les Vietnamiens n’ont pas mouillé d’obstacles dans l’eau pour interrompre les activités de forage (ils n’ont même pas pu s’approcher de la plateforme), ils n’ont pas utilisé d’hommes-grenouilles. Tout au plus des pêcheurs ont-ils perdu leurs filets quand les garde-côtes chinois les ont aspergés au canon à eau pour les forcer à partir.
 
Gageons que le message que vient porter Yang Jiechi ne diffèrera guère des précédents.